Mange, prie, aime, Elizabeth Gilbert
Mange, prie, aime, Elizabeth Gilbert
Titre original: Eat, pray, love
Edition: Le Livre de Poche
507 pages
Résumé
Elizabeth Gilbert, perdue dans un mariage et dans une vie qui ne lui conviennent pas, décide d'arrêter de se voiler la face et de prendre son destin en mains. Pour cela, elle change totalement de vie, passe par un divorce douloureux, par une rupture qui ne vaut pas mieux et par une période où elle a besoin d'anti-dépresseurs pour tenir le coup.
Mais, un jour, elle décide de se poser la bonne question: que désire-t-elle vraiment? La réponse l'emmène dans trois pays différents, l'Italie, l'Inde et l'Indonésie. Elle se donne un an pour visiter ces pays et y réparer sa vie et son âme.
Commentaire
Mouais. L'idée de départ n'était pas mauvaise. Relater, en un texte initiatique, les aventures d'une femme moderne à la recherche de plaisirs simples était un beau projet.
Mais là, Elizabeth Gilbert tourne vraiment autour du pot. Toutes les 40 pages, environ, elle revient sur son divorce malheureux et sur sa relation encore plus malheureuse avec David; à tel point que le récit de ses aventures italiennes tourne plutôt au récit de ses malheurs new-yorkais ayant provoqués son départ vers l'Italie.
Le récit des petits moments passés en Italie n'est pas réellement désagréable; au contraire, ils égayent un récit par ailleurs très morne. Car très peu des 185 pages consacrées au voyage en Italie sont consacrées au séjour proprement dit: 75% de cette partie sert d'éxutoire aux névroses de l'auteur qui s'y questionne à tout bout de champs sur ses moindres faits, gestes et pensées, au point de lasser la patience du lecteur. Car à quoi sert-il de vouloir profiter des petits plaisirs de l'Italie, si c'est pour se demander à toutes les pages: "est-ce que je mérite vraiment ce plaisir?", "pourquoi est-ce que cela me fait plaisir?", "oh mon Dieu, ce plaisir est-il compatible avec mon éducation d'Américaine protestante?"
Si vous voulez mon avis, cette fameuse éducation WASP (Américaine protestante) a bon dos: elle permet à Gilbert de justifier son manque de confiance en elle et le questionnement incessant que le moindre petit fait de sa vie fait naître en elle.
J'ai aussi eu du mal avec la relation que l'auteur affirme entretenir avec la gent masculine. Je ne suis absolument pas féministe, mais je me rends tout de même compte qu'une femme du XXIe siècle, financièrement indépendante, ne devrait pas autant dépendre des hommes pour être heureuse. Et, à propos de cette relation avec les hommes, Gilbert se vante d'avoir été une dragueuse invétérée durant son adolescence; alors qu'elle se sent coupable d'avoir acheté des sous-vêtements mignons, qui lui plaisent (toujours à cause de son éducation WASP). Donc, si je comprends bien son raisonnement, il est interdit aux femmes WASP de se faire plaisir avec de la jolie lingerie, mais, par contre, elles peuvent draguer tout ce qui bouge. Vous ne voyez pas une légère contradiction là-dedans? Moi, si!
La seconde partie, consacrée au voyage en Inde et au séjour de quatre mois dans l'ashram permet au moins de faire connaissance avec des personnages secondaires intéressants, tels que Richard du Texas, qui n'hésite pas à malmener Gilbert en lui demandant régulièrement des nouvelles de David.
A part cela, rien de génial. Le récit est très long avec toutes les digressions spirituelles à tendance new age de l'auteur. Quant au yogisme et aux prétendues "illuminations" que l'auteur a atteint lors de ses séances de méditation, elle donne à penser que Gilbert était ivre ou droguée lorsqu'elle a vécu ces expériences.
La troisième partie du roman a été la moins pénible à vivre: lors de son séjour en Indonésie, Gilbert est (enfin!!) parvenue à se détacher de son ex-mari et de David, ce qui lui permet enfin de nous parler d'autre chose. Néanmoins, la manière dont elle se fait presque arnaquer par une guérisseuse locale est tout simplement pathétique!
J'attendais beaucoup de ce livre: je pensais passer un bon moment, plein d'humour et de pensées optimistes. Mais l'écriture de Gilbert n'est ni humoristique ni optimiste. C'est peut-être pour cela que j'ai été si déçue par ce roman. En tout cas, si vous voulez le lire, armez-vous de patience! La moitié du roman est inutile à la compréhension de l'histoire, donc...