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Les Livres d'Aline
19 février 2012

Blonde, Joyce Carol Oates

couv45768739Blonde, Joyce Carol Oates

Titre original: Blonde

Edition: Livre de Poche

1110 pages

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Résumé

La petite Norma Jeane Baker vit avec sa grand-mère, Della Monroe, jusqu'au décès de cette dernière, après lequel elle est enfin prise en charge par sa mère, Gladys Mortensen.

Gladys travaille comme monteuse au Studio de Hollywood, elle aime le cinéma, rêve devant les demeures des stars et parle à Norma Jeane de son père, que la petite fille ne connaît pas mais qui a promis de venir un jour les chercher elle et Gladys.

Mais la belle et mystérieuse Gladys n'est pas aussi équilibrée qu'il n'y paraît. Refusant d'être touchée par Norma Jeane, prise de pensées obsessionnelles, victime de sautes d'humeurs, elle s'enfonce petit à petit dans un monde où Norma Jeane ne peut la suivre. Un jour, après une crise particulièrement violente, Gladys est internée et Norma Jeane est envoyée à l'orphelinat.

Quelques années plus tard, la malheureuse orpheline deviendra Marilyn Monroe...

 

Commentaire

Blonde a beau être une biographie fictive de Marilyn, le roman donne l'impression de réellement pénétrer dans l'intimité de la star.

L'écriture de Joyce Carol Oates est intense et donne la sensation de vivre les événements "de l'intérieur", comme si l'on prenait part, en tant qu'observateur direct, à la vie des différents personnages et de Marilyn, en particulier.

Etrange et très perturbante, la vie de la petite Norma Jeane ne laisse pas indifférent. Tout au long du roman, on sent le malheur qui la guette, comme si la maladie mentale de Gladys était une sorte de malédiction menaçant à tout moment de s'abattre sur sa fille. Et certains passages du texte donnent d'ailleurs à penser que Norma Jeane souffrait du même mal que sa mère. Plusieurs fois, en particulier lors des tournages de ses différents films, l'actrice donne l'impression de souffrir de personnalités multiples: elle passe avec une facilité déconcertante d'une personnalité à l'autre (talent ou maladie?) et considère toujours "Marilyn" comme une entité extérieure, une personne qui fait partie d'elle, mais pas tout à fait. On en arrive à se demander si le métier de cette femme n'a pas précipité sa fin: Marilyn serait-elle morte aussi jeune si elle était resté Norma Jeane, jolie mais anonyme?

Car exposée à tous les regards, et en particulier aux regards masculins, Norma Jeane est devenue extrêmement vulnérable. Jouet des hommes et ne sachant rien leur refuser, elle semble n'avoir aucun amour-propre. Après quelques relations sentimentales catastrophiques, on pourrait s'attendre à ce que Norma Jeane soit plus raisonnable, et pourtant sa relation avec le Président, sa dernière conquête avant sa mort, montre à quel point cette femme est prête à supporter toutes les humiliations: du moment qu'elle a l'impression d'être aimée, elle est prête à tout.

La vie de Norma Jeane est aussi, bien entendu, intimement liée à Hollywood. A tel point que la jeune femme aborde l'entièreté de sa vie comme un film. Plus d'une fois, alors qu'elle bavarde avec diverses personnes, Norma Jeane se retrouve prise de cours et ne sait plus quoi répondre parce que "le scénario" ne prévoit pas le genre de situation à laquelle elle est confrontée. Ce genre de réaction renforce encore le sentiment de malaise que l'on ressent à la lecture et fait comprendre qu'il arrivera bien un moment où la jeune femme plongera dans le même abîme que sa mère. Car Norma Jeane devenue Marilyn ne vit plus sa vie, elle la joue. Et le fait d'être en représentation permanente ajoute encore à sa tension, l'amène à abuser des médicaments et de l'alcool. A tel point que sa carrière, pourtant prometteuse, finit par en souffrir:

"C'était un miracle quelquefois. D'accord, c'est un cliché, mais il se trouve qu'il est vrai. Monroe se pointait avec des heures de retard et parfois le bruit courrait qu'elle était à l'hôpital de Reno (pour avoir tenté de se suicider la veille!) et pourtant elle arrivait souvent toute douce & l'air timide & bagayant des excuses, et les acclamations fusaient même si on venait tous de maudire cette garce. Quand Monroe arrivait, on voyait que ce n'était pas une garce mais seulement une force de la nature comme un vent violent ou un orage, on voyait qu'elle était elle-même la proie de cette force de la nature et on ne demandait qu'à lui pardonner".

Comme le montre l'extrait ci-dessus, Blonde ne se concentre pas uniquement sur le point de vue de Norma Jeane. Chaque personnage est mis en avant et, en quelque sorte, amené à donner son avis sur la personnalité de Marilyn. Cette technique renforce encore l'impression de lire un véritable documentaire, une biographie pour laquelle Joyce Carol Oates aurait rencontré des ex-collègues et anciens amis de Marilyn et les aurait interviewé. Le fait de devoir sans cesse se rappeler que l'on est en train de lire une fiction et non une biographie rend le récit encore plus intense, car cela force le lecteur à rester aux aguets, à se concentrer sur la moindre anecdote afin de se rappeler qu'elle est inventée de toute pièce par l'auteure.

Magnifique et déconcertant à la fois, Blonde est à classer parmi les tous bons romans, de ceux auxquels on continue à penser des jours après l'avoir refermé.

 

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Blonde était l'un des Plats au Menu classique de la Carte gourmande Whoopsy Daisy.

 

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Commentaires
A
C'est un roman épatant : JC Oates nous entraîne vraiment dans cette vie qu'elle raconte. Un grand moment ! :-)
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A
Oh ! Tu m'as trop donnée envie là ! Surtout que je viens de découvrir Joyce Carol Oates avec "Les Chutes" que j'ai adoré.<br /> <br /> Et comme en plus j'aime beaucoup Marilyn, je le rajoute d'office sur ma wish-list.<br /> <br /> Je sentais bien que ton blog allait alimenter considérablement ma PAL !^^
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A
N'hésite pas! Il est très prenant, même s'il est long, on ne voit pas défiler les pages.
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T
J'aimerai beaucoup tenté quelques livres de cet auteur et ce livre me paraît vraiment bien à mettre sur ma wish list donc ( wish list déjà bien remplie )
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A
En fait, au début du roman, l'auteure parle de la part de réalité du texte. Elle explique qu'elle a utilisé certains des poèmes et des extraits du journal de Marilyn Monroe pour le dernier chapitre ("Nous sommes tous partis vers un monde de gloire", si je me souviens bien du titre). Un second chapitre est basé sur des interviews de Marilyn.<br /> <br /> Pour le reste, tout est inventé, même les autres poèmes ou les autres extraits du journal intime de l'actrice.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai hâte d'avoir ton avis sur les Mulvaney! ;-)
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