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Les Livres d'Aline
22 mai 2014

A la grâce des hommes, Hannah Kent

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A la grâce des hommes, Hannah Kent

Titre original : Burial Rites

Edition : Presses de la Cité

396 pages

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Résumé

(Présentation de l'éditeur)

" Agnes Magnúsdóttir, servante dans l'Islande austère et violente du XIXe siècle, est condamnée à mort pour l'assassinat de son amant et placée dans une ferme reculée en attendant son exécution. Horrifiés à l'idée d'héberger une meurtrière, le fermier, sa femme et leurs deux filles évitent tout contact avec Agnes, qui leur inspire autant de peur que de dégoût. Seul Tóti, le révérend chargé de préparer la jeune femme à sa fin prochaine, tente de la comprendre. Au fil des mois, Agnes raconte sa vérité, aussi terrible soit-elle à accepter. Mais la justice des hommes est en marche, et pourquoi Agnes réapprendrait-elle à vivre si c'est pour mourir ?

Inspiré d'une histoire vraie, A la grâce des hommes est un roman sur la vérité, celle que nous pensons connaître et celle à laquelle nous voulons croire. Avec ce premier roman à l'atmosphère lyrique et ample, Hannah Kent s'impose d'ores et déjà comme l'un des grands écrivains de sa génération. "

 

Commentaire

Un grand merci à Babelio et aux éditions Presses de la Cité pour ce magnifique roman reçu dans le cadre de l'opération Masse critique.

Je n'aurais jamais cru que ce roman soit le premier d'Hannah Kent si ce n'était pas écrit noir sur blanc sur la quatrième couverture de ce roman. Qu'une jeune femme aussi jeune (sa photo est ci-dessous) ait pu écrire un roman aussi intense et tellement bien documenté est tout simplement étonnant.

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Source image

 

A la grâce des hommes n'a que des qualités. Au début du roman se trouvent une carte reprenant les différents lieux fréquentés par Agnes durant sa vie. Et nous avons également droit à un petit guide de la prononciation de l'Islandais. Vous me connaissez : j'aime les langues et j'aime la précision en matière de prononciation. Qu'une jeune auteure ait donc eu l'idée de partager sa connaissance de l'Islandais avec ses lecteurs, cela m'a plu.

Mais la forme du roman n'est pas le seul bon point que j'ai relevé : le récit en lui-même est excellent. Hannah Kent possède un incontestable talent de conteuse. Elle parvient à nous plonger dans l'histoire de ses personnages, à nous y intéresser de telle façon que, très vite, on a l'impression de vivre parmi eux. Pourtant, les conditions de vie dans l'Islande du XIXe siècle (l'histoire se passe en 1828) ne sont pas drôles. Les habitants vivent dans des fermes au confort plus que spartiate. Ils doivent travailler dur toute l'année : l'été se passe à engranger suffisamment de provisions pour l'hiver ; et quand vient la mauvaise saison, il faut tricoter et fabriquer des objets que l'on pourra vendre au marché de Reykjavik une fois l'été revenu.

Agnes a toujours connu ces conditions de vie. Abandonnée à l'âge de six ans par sa mère, Agnes est une enfant illégitime. Elle ne pouvait donc espérer d'autre destin que celui de servante dans les fermes de la vallée. Mais sa vie va tourner au désastre le jour où elle rencontre Natan Ketilsson, qui devient son amant et lui promet une place d'intendante dans sa propre ferme.

Agnes met du temps à raconter son histoire à Tóti et à Margrét, la fermière chargée de garder la prisonnière chez elle. Mais quand elle se décide enfin, on se rend compte que sa version des faits ne coïncide pas réellement avec ce qui s'est dit durant son procès. Natan Ketilsson était un homme étrange, cruel, aux sautes d'humeur imprévisibles et terrifiantes. Agnes est-elle réellement coupable du meurtre de cet homme ?

Non, je ne vous le dirai pas ! En revanche, je peux vous affirmer que les personnages d'Hannah Kent (et Agnes tout particulièrement) sont magnifiquement construit. La plupart sont de rudes caractères (logique, sans doute, vu le climat dans lequel ils vivent) et ne sont pas particulièrement enclins à étaler leurs sentiments. Tóti, qui finit pourtant par apprécier Agnes, est très réservé. Malgré cette pudeur (ou peut-être à cause d'elle), ces gens sont attachants. Même les plus cruels ou idiots d'entre eux (Blöndal ou Róslin, par exemple) possèdent un côté fascinant qui, sans nous les rendre sympathiques, parvient à nous passionner pour leur histoire et leur point de vue sur les événements qui nous sont relatés.

Car A la grâce des hommes, ce n'est pas seulement l'histoire d'Agnes. C'est celle de toute une vallée. Celle des fermes et de leurs propriétaires, des journaliers qui offrent leurs services au plus offrant. Celle des enfants illégitimes abandonnés aux soins d'une paroisse ou ballotés d'un lieu de vie à l'autre, au gré des déplacement de leurs parents. A la grâce des hommes nous raconte la souffrance, les petites joies et les grands chagrins de tous ces gens, de ces enfants, de ces mères qui n'ont d'autre choix qu'abandonner un enfant qu'elles aiment de tout leur coeur.

Sombre et magnifique, bouleversant et révoltant, ce récit m'a plu de la première à la dernière page. J'ai vécu un grand moment de lecture grâce à la plume sobre et efficace d'Hannah Kent. Laissez-vous tenter à votre tour par ce premier roman : vous ne serez pas déçu !

 

Le site Internet des éditions Presses de la Cité est ici. La page consacré à ce roman est par là.

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Commentaires
M
Je note aussi. Difficile de s'en passer! :)
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F
Bon, après lecture de ton billet plus qu'élogieux, il est aussi plus que probable que je craquerai pour ce roman dans les prochains mois :-).
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K
Wouaw, quel article ! Il ne me donne qu'une seule envie : me ruer dans une librairie pour acheter ce livre ! D'ailleurs je note de suite le titre au cas où ce livre croiserait mon chemin, par le plus grand des hasards bien entendu... :-)
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