Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Livres d'Aline
3 juin 2021

La fortune des Lecoeur, Philippe Laperrouse

58212081

La fortune des Lecoeur

Philippe Laperrouse

Editions Librinova, 120 pages

 

 

Un extrait

" Dans un pays idéal, la masse de monnaie disponible devrait être – à peu de chose près – conforme à la valeur des biens et services produits. On est loin du compte. Il ne s’agit pas de tomber dans l’angélisme qui consisterait à penser que tout le monde devrait avoir une part égale du gâteau. Mais une répartition profondément inéquitable des revenus conduit systématiquement à des conflits sociaux. Lorsque les hommes sont soumis à des brutalités physiques ou économiques, ils se rebellent un jour ou l’autre. À la violence s’oppose la violence. "

 

Résumé

(Présentation de l'éditeur) " Dans la Borgalie, un pays imaginaire, une famille ultra-fortunée domine la société. Le dernier fils de la lignée, Oreste, a connu une jeunesse dorée dans le luxe et l’oisiveté.

Parvenu à l’âge adulte, il va être plongé par une série d’aventures dans la vie réelle du peuple de son pays. Il en tirera une méditation sur la richesse et l’inégalité sociale qui le conduira à des décisions radicales.
"

 

Mon avis

Oreste Lecoeur est riche. Très riche. Tellement que c'en est indécent. Et pour couronner le tout (c'est le cas de le dire, en plus ! ) Oreste est le dernier descendant de l'ancienne famille royale de Borgalie.

Parvenu à l'âge adulte, il ne possède que des notions inexactes sur l'histoire de son pays : il est ainsi persuadé que la Borgalie est un pays riche, alors que le fossé entre classes sociales y est énorme. Ces conceptions faussées de la réalité vont lui valoir quelques surprises une fois passée la première moitié du roman...

Cette absence de culture "populaire", pourrait-on dire, n'est pas seulement source de déconvenues pour le pauvre Oreste, elle est aussi l'occasion pour lui de se poser des questions très profondes sur le sens de l'existence, la richesse, la pauvreté, le travail, etc. Oreste remet toute son existence en question et nous partage le fruit de ses réflexions, puisqu'il est le narrateur du récit :

" Je commençais à comprendre que l’argent est le seul bien qui a la redoutable faculté de pouvoir s’accumuler jusqu’à devenir transparent, puisqu’au-delà d’un certain niveau, on ne peut visualiser son étendue. "

" Nous sommes dans un monde où le mythe de l’action domine. Celui qui n’agit pas n’est rien. "

" C’est d’ailleurs terrible de ne pas savoir ce qu’on voudrait acquérir. "

" Je vérifiais cet axiome tous les jours : l’ultra-richesse est un système qui se gère tout seul. "

Gêné de son statut d'ultra-riche, Oreste tente de plus d'une fois de se débarrasser d'un peu d'argent. Un passage en particulier m'a bien fait rire (attention, spoiler) : il s'agit d'un chapitre où notre pauvre héros, dans l'espoir de perdre quelques centaines (voire plus) d'euros, joue à la loterie. Mais, malheureusement pour lui, Oreste gagne le gros lot qui se monte à... près de 200 millions d'euros.

Les stratagèmes mis en oeuvre par Oreste et ses amis (notamment Olympe, une ancienne chanteuse à succès) sont tous du même acabit : ils tournent chaque fois à la catastrophe et Oreste en ressort découragé. Jusqu'au jour où, bien malgré lui, il va être pris dans une aventure qui va lui apprendre la dure réalité des classes laborieuses de Borgalie... Travail physique épuisant, déscolarisation des plus jeunes, exploitation, corruption, Oreste va très vite comprendre que le paradis auquel son éducation parmi la dynastie Lecoeur l'a habitué n'est qu'une illusion. La réalité quotidienne de ses concitoyens est bien différente de celle de sa famille. Changé par toutes ces nouvelles expériences accumulées, Oreste va, enfin, parvenir à donner un sens à sa vie.

Tout en nous amusant, La fortune des Lecoeur nous offre quelques belles leçons de vie ! J'ai ainsi particulièrement apprécié le passage durant lequel Oreste réfléchit à la vacuité de son existence et ramène celle-ci à son absence d'objectifs concrets. N'ayant pas besoin de gagner sa vie et de travailler, Oreste n'a absolument pas d'objectifs et n'a donc rien à attendre de la vie (puisqu'il possède déjà tout ce que celle-ci peut lui donner). Dès lors, comment remplir ses journées ? Comment sentir que ce qu'il fait, au jour le jour, compte ? D'autant que, même s'il est riche, Oreste est loin d'être superficiel : il ne s'intéresse pas aux voitures de sport et autres gadgets qui lui permettraient de dépenser de l'argent et d'afficher son statut par la même occasion. Il ne souhaite pas non plus vivre la même vie oisive que sa mère ou sa soeur et cherche donc inlassablement ce qu'il pourrait devenir.

Dans un Comic Book, Oreste serait sûrement devenu une sorte de Batman, car par bien des côtés, il me rappelle Bruce Wayne. Les Wayne sont en effet à peu près aussi riches que les Lecoeur, et Bruce consacre son immense fortune à la luttre contre le crime dans Gotham, afin de faire de sa ville un endroit plus agréable à vivre pour tous. (Attention, spoiler) C'est aussi un peu ce que fait Oreste à la fin du roman, quand il réalise qu'il a les moyens de transformer la Borgalie en une nation plus égalitaire et moins corrompue.

 

Un grand merci à Mathieu, des éditions Librinova, pour ce très beau roman. Laissez-vous tenter à votre tour : ça se passe par ici !

 

En bref

Oreste Lecoeur est un héros attachant et le narrateur idéal pour ce roman à la fois amusant et profond. Il nous promène de son quartier chic jusque dans les bas-fonds de la province du Balagar et nous apprenons en même temps que lui que le vieil adage selon lequel l'argent ne fait pas le bonheur est décidément très juste. C'est en effet lorsqu'il assume des responsabilités plus importantes et ne se contente plus de vivre de ses rentes qu'Oreste parvient à donner un sens à sa vie et à se fixer des objectifs. Il devient alors un vrai leader, à l'image de ses ancêtres, les rois de Borgalie.

Publicité
Publicité
Commentaires
S
un roman amusant et profond, c'est plutôt rare - merci pour ce billet aline, j'ai pris grand plaisir à découvrir ce que tu dis du livre, mais je passe mon tour - pour l'instant je lis les livres que j'ai, sinon je n'en sortirai plus jamais (heureusement aussi qu'il y a les boîtes à livres où je peux déposer ce que je n'ai plus envie de lire)
Répondre
Les Livres d'Aline
Publicité
Les Livres d'Aline
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 293 041
Archives
Publicité