La Fraternité des Maudits, tome 3 : L'Exécuteur, Jack D. Tickett
L'Exécuteur
Jack D. Tickett
Editions Librinova, 550 pages
Un extrait
" Alice n’a pas encore trente ans et elle commence à comprendre ce qui abîme vraiment les flics comme Simon Lanterne, son ancien patron à la PJ. Ce qui use dans la durée, ce n’est pas un Jacques Mesrine ou des frangins Kouachi, c’est Monsieur Martin qui dézingue sa Denise au couteau de cuisine, un samedi soir sur la Terre devant une émission de variétés, plus par désœuvrement qu’autre chose. "
Résumé
(Présentation de l'éditeur) " L’heure de l’affrontement entre Simon Lanterne, commissaire de la PJ en détachement à la DGSI, et Dante, le chef de la Fraternité des Maudits, une organisation criminelle œuvrant sur le territoire français depuis des mois, a enfin sonné. Assisté de son fidèle adjoint, Cissou Mokono marabout à Bobigny, et de son colocataire, Timothée Schneiss, hacker de renommée mondiale, Simon connaît déjà la véritable identité de Dante mais entre ce qu’il sait et ce qu’il peut prouver, il y a une marge qu’il doit combler. Simon doit engager les grandes manœuvres pour parvenir à ses fins. Dante est un adversaire redoutable, disposant d’appuis puissants et de ressources insoupçonnées.
Alice Mariotti, ancienne subordonnée de Simon Lanterne à la PJ, poursuit sa quête de vérité sur la mort de son père, impliqué dans le vol d’un incunable inestimable de Dante Alighieri aux archives du Vatican. Alors qu’elle effectue un voyage à Rome pour confondre le Cardinal Di Stephano, responsable des archives du Saint-Siège, elle fait la rencontre d’un mystérieux prêtre, émissaire spécial du pape. Elle cherche la vérité, il veut récupérer le livre.
Sans le savoir, tous sont à la poursuite du même homme, insaisissable. Ils doivent unir leurs forces pour percer le mystère de Dante. Mais est-ce seulement possible ? "
Mon avis
Aussi passionnant qu'un whodunnit et aussi haletant qu'un thriller au rythme effréné, ce polar m'a rappelé, une fois de plus, pourquoi j'affectionne autant ce genre littéraire.
La confrontation entre Simon Lanterne et Dante a tout de la partie d'échecs dont on ne sait qui sortira vainqueur : ce sont deux fortes personnalités qui se lancent dans un bras-de-fer, l'une du côté des « bons », l'autre dans le camp des « méchants ».
Au passage, le récit aborde des thématiques très contemporaines et intéressantes. Se déroulant en 2020, la narration n’échappe pas à la star de l’année (dont on se serait bien tous passés) : le COVID-19.
Extrait :
« Malheureusement, il arrive que des choses totalement improbables surgissent, comme un nouveau virus, création de Mère Nature et petit cadeau empoisonné à destination du plus turbulent de ses enfants. La crise sanitaire du coronavirus est inédite, spectaculaire, et mortelle. Elle a requis des moyens et des décisions extraordinaires : restrictions de circulation hors puis à l’intérieur du territoire, fermeture de tous les lieux publics, confinement pendant plusieurs semaines de toute la population, décret d’état d’urgence. Les autorités gouvernementales ont endossé l’habit régalien et pris des dispositions habituellement réservées aux situations de conflit ouvert entre nations. Cette « guerre » a été menée avec des médecins et des infirmières, avec des pompiers et des services d’urgence, et bien évidemment avec des policiers. Quand la catastrophe sanitaire a cogné à la porte de la maison France, les trous dans les blouses et les bottes sont apparus au grand jour, l’absence de stocks pour les consommables s’est fait remarquer, le manque structurel de lits et de matériels a sauté aux yeux. Les Français malades ont découvert leurs hôpitaux aussi malades qu’eux. La situation n’est pas meilleure dans leurs écoles ou dans leurs commissariats. »
Mais le virus qui nous pourrit l’existence depuis près d’un an (du moins en Belgique) doit ici partager la vedette avec d’autres problèmes que l’auteur mêle à son intrigue : situation économique, politique, tension entre civils et forces de police, racisme, cybercriminalité, dangers des réseaux sociaux, omniprésence problématique des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) dans la vie de tous les jours, littérature, … Tout (ou presque) y passe et cela fait mouche, car c’est toujours traité à bon escient, comme lorsque Cissou, l’adjoint de Simon Lanterne, se plaint du racisme latent dans la société.
Au niveau des personnages, parlons des deux principaux protagonistes. Dante m’a paru fascinant, mais en même temps repoussant. Lire les détails de ses mouvements et de ses « opérations », c’est un peu comme observer une grosse araignée en train de tisser sa toile : on est admiratif de tout le travail accompli, tout en ressentant des frissons en observant l’animal en question (ai-je bsoin de préciser que je suis arachnophobe ?) L’homme est intelligent et touche-à-tout, et peu de domaines échappent à son expertise, mais les batailles qu’il mène sur plusieurs fronts sont très personnelles et, surtout, très discutables.
Simon Lanterne, quant à lui, est aussi passionnant que Dante et, heureusement, il est dans le camp des « gentils ». Sous ses aspects bourrus et malgré une carrière en dents de scie, c’est un flic de fiction comme on les aime : honnête, acharné, et bosseur. Il possède aussi un bon sens de l’humour et la plupart de ses échanges avec ses adjoints sont amusants.
Le fait de commencer ma lecture par le troisième (et dernier, oups) tome de la série ne m’a pas gênée outre mesure. Le roman est très bien écrit et, dès les premières pages, on est totalement happés par l’intrigue, ce qui fait que l’on entre facilement dans l’histoire. De plus, l’auteur nous offre un petit rappel des faits lorsqu’il nous présente Darius (un trafiquant d’armes dont je ne vous ai pas encore parlé, mais qui joue un rôle dans l’histoire) et Simon. De plus, j’ai l’habitude de commencer la lecture des sagas dans l’ordre le plus aléatoire qui soit (re-oups). Les anglophones ont un terme intéressant pour cette pathologie :
Un grand merci à Summer, des éditions Librinova, pour cet exemplaire de L’Exécuteur, que j’ai adoré découvrir.
Si vous souhaitez vous lancer à votre tour, c’est par ici pour le tome 3.
Et si vous êtes un lecteur plus logique que moi, le tome 1 est par là.
En bref
Si vous êtes fan de bons polars (et, honnêtement, qui ne l’est pas ?) et/ou, de thrillers, n’hésitez pas à prendre quelques jours pour vous plonger dans La Fraternité des Maudits. L’auteur y mêle habilement les deux genres tout en partageant des réflexions profondes sur les problèmes sociaux actuels. Le tout saupoudré d’une bonne dose d’humour, histoire de faire du bien aux lecteurs. Et en ces temps troublés, on a bien besoin de passer quelques bons moments…
Prenez-soin de vous avec un bon roman... celui-ci, par exemple !