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Les Livres d'Aline
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27 janvier 2012

Le Nom de la Rose, Umberto Eco

couv61466038 Le Nom de la Rose Umberto Eco

 Titre original: Il nome della rosa

 Edition: Livre de Poche

 634 pages 

 

 

Résuméle_nom_de_la_rose_1986_1876_1028003005

Parvenu à l'automne de sa vie, Adso de Melk, moine bénédictin du monastère du même nom, se souvient de sa jeunesse et de ses années de novice. A une certaine époque, alors qu'il accompagnait son maître franciscain Guillaume de Baskerville, Adso a participé à de grands événements.

En compagnie de Guillaume, le jeune homme a pris part à des négociations entre certains moines franciscains et une délégation papale. Partisans de la pauvreté, les franciscains de l'époque blessait l'orgueil de la papauté, qui vivait dans l'opulence à Avignon. La rencontre, censée aplanir les difficultés entre ces deux camps, s'est tenue dans l'une des abbayes de la péninsule italienne, dont Adso choisit de taire le nom.

Car l'enceinte de l'abbaye n'a pas seulement servi de terrain neutre, où Franciscains et légats du Pape se sont livrés à des discussions doctrinales; elle a aussi abrité la folie d'une personne...

A peine arrivés sur place, alors qu'ils attendent encore les autres moines franciscains, Guillaume et son jeune acolyte apprennent, de la bouche de l'Abbé, qu'un des enlumineurs les plus doués de la chrétienté, le jeune Adelme d'Otrante, est mort dans des circonstances plus que suspectes. Démuni face à ce drame qu'il souhaite voir réglé le_nom_de_la_rose_1986_1876_1562560400avant l'arrivée de la délégation papale, l'Abbé demande à Guillaume, ancien inquisiteur, d'enquêter sur ce sordide événement.

Guillaume accepte, à condition qu'il puisse poser toutes les questions nécessaires à sa compréhension de l'affaire et qu'il obtienne l'autorisation de visiter toute l'abbaye. L'Abbé accepte, mais émet une réserve: la bibliothèque ne sera pas accessible à Guillaume, puisque seuls le bibliothécaire et son aide peuvent y pénétrer. Cette interdiction intrigue tout particulièrement Guillaume...

 

 

Commentaire

Le Nom de la Rose fait partie de ces romans qui se méritent: difficile à lire, il réclame de son lecteur une concentration constante. Mais, une fois surmontés les passages difficiles, quel plaisir que cette intrigue à la fois policière et historique!

Un grand nombre de personnages viennent interagir avec Guillaume, il faut donc bien les différencier les uns des autres pour comprendre le rôle de chacun dans le récit. Car même le moins important des moines a son rôle jouer dans le dédale psychologique que représente l'abbaye.

Le suspense du roman est tout d'abord entretenu par les nombreuses mort suspectes qui affectent l'abbaye. L'un après l'autre, de nombreux moines vont commencer par disparaître mystérieusement avant d'être retrouvés morts... Et les décès sont tous symboliques puisque, comme le souligne le vieil Alinardo de Grottaferrata, chacun suit l'une des trompettes de l'Apocalypse de Jean.

Mais un autre mystère alimente le rythme du récit: celui de la fameuse bibliothèque qui, d'après les moines, est la plus belle et la plus importante de la chrétienté. Il est interdit de la visiter, au grand dam de Guillaume, fervent lecteur et admirateur des oeuvres d'Aristote. La raison invoquée pour justifier cet interdit est la fragilité des volumes. Mais, très vite, on se rend compte qu'il ne s'agit que d'un prétexte destiné à empêcher l'accès aux immenses savoirs que le bâtiment renferme. Très vite, Guillaume et Adso apprennent, de la bouche des différents moines intérrogés, que la bibliothèque est un véritable labyrinthe rempli d'artifices destinés à égarer les curieux qui tenteraient d'y pénétrer malgré l'interdit. Guillaume a alors l'intuition que tous les événements mystérieux s'étant déjà produits ont un lien avec l'un des livres que renferme l'édifice.

roseName_of_the_Rose_pic_3Pour le plus grand bonheur des amateurs de littérature, la bibliothèque est donc l'élément central du Nom de la Rose. Les nombreuses références aux ouvrages connus de Guillaume, grand érudit, ne donnent qu'une envie: redécouvrir l'oeuvre des philosophes dont il parle.

Le côté historique du récit est également très présent. Adso explique ainsi les différends opposant le Pape et les Franciscains, et nous donne de précieuses indications sur le mode de vie des ordres religieux du Moyen Âge.

Les Bénédictins, ordre auquel appartient Adso, vivent selon la règle de saint Benoït. Les abbayes de cet ordre étaient, pour la plupart, composées de large domaines et exerçaient une grande influence économique et religieuse sur la société moyenâgeuse. C'est d'ailleurs le cas de l'abbaye du Nom de la Rose: la richesse du monastère est incontestable et l'Abbé en est particulièrement fier. Il faut dire que ce mode de vie particulièrement confortable pour l'époque n'était pas contradictoire à la règle de Saint Benoît, qui n'imposait pas d'austérité particulière aux congrégations religieuses.

Les Franciscains, au contraire, étaient les partisans de la pauvreté du Christ. Selon eux, Jésus ayant été pauvre toute sa vie, l'Eglise, si elle voulait réellement suivre l'enseignement de Dieu, devait elle aussi être pauvre. Bien entendu, cette vision des choses n'était pas pour plaire au Pape de l'époque, Jean XXII, qui avait perfectionné la fiscalité épiscopale et donc enrichi l'Eglise. Suivant la règle de Saint François d'Assise, les Franciscains sont pauvres et heureux de l'être et considèrent donc Jean XXII comme un hérétique, voire comme l'Antéchrist lui-même.

Ces querelles religieuses forment donc la seconde trame d'un récit déjà très animé par l'enquête de Guillaume. Peu à peu, le lecteur se retrouve plongé dans les discussions des différents ordres représentés et finit pas se demander lui-même quel camp il aurait adopté à l'époque. Car, si les Franciscains semblent plus sympathiques et plus proches des gens du peuple, les idées du plus célèbre d'entre eux, Ubertin de Casale, à propos des fraticelles et autres mouvements opposés à l'Eglise, semblent trop tranchées pour être justes. Au milieu de cette tempête doctrinale, c'est finalement Guillaume qui semble détenir la vérité.

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Pour ceux qui voudraient découvrir le récit de manière plus simple (car, je le rappelle, le livre est assez difficile à lire, en particulier les passages en latin), je conseille le magnifique film de Jean-Jacques Annaud (1986), avec Sean Connery, Michael Lonsdale et Christian Slater. Malgré quelques libertés prises avec le texte du roman (dans le film, Adso est Franciscain), l'adaptation est très réussie et le casting absolument bluffant.

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Commentaires
A
C'est vrai que les références à la lecture sont tellement nombreuses que cela ne peut que réjouir le lecteur lui-même passionné par les livres. On aimerait tous avoir une bibliothèque aussi grande que celle de l'Edifice!
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M
C'est amusant car j'ai revu le film récemment ! Le livre, j'ai un peu oublié mais c'est moins les querelles religieuses qui m'ont plu que la conception du rire au moyen Age et puis surtout l'hommage au livre. Quelle bonne idée de faire un roman sur l'idée qu'il y avait un premier tome à la poétique d'Aristote...
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A
Merci Suzanne! Je suis contente d'être de retour parmi vous! :-D<br /> <br /> <br /> <br /> Je vais suivre de près cette version épurée: elle me tente beaucoup, ne fût-ce que pour comparer les deux versions. Merci pour l'info! ;-)
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A
Ce sont surtout les passages en latin que j'ai trouvé difficiles (je n'ai pas fait beaucoup de latin) et certaines descriptions assez longues (comme le portail de l'Edlise).<br /> <br /> <br /> <br /> (ça fait du bien d'être de retour! :-D)
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A
Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'avais pourtant envie de lire quelque chose de léger; mais finalement c'est celui-là qui est sorti de ma PAL. Plutôt râté pour la légereté :-D. Mais passionnant quand même, surtout avec les nombreuses références aux livres, à la lecture, aux philosophes,...
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