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Les Livres d'Aline
2 février 2013

La Couleur des sentiments, Kathryn Stockett

couv24520463La Couleur des sentiments, Kathryn Stockett

Titre original : The Help

Edition : Babel

609 pages

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Résumé

Eugenia " Skeeter " Pheelan rentre dans la plantation de ses parents à Jackson, Mississippi, avec un diplôme de journalisme en poche. Elle espère trouver un emploi mais, en 1962, il est encore difficile pour une femme de faire autre chose qu'un beau mariage et quelques enfants.

Skeeter a envoyé un C.V. chez Harper and Row, une maison d'édition de New York, mais n'ayant reçu aucune réponse à sa candidature, elle rentre à la maison familiale la mort dans l'âme et se prépare à affronter les manigances matrimoniales de sa mère, qui espère la voir se marier bientôt.

Comme si cela ne suffisait pas, Skeeter soit en plus s'habituer à l'absence de Constantine, la bonne noire qui l'a élevée. Pourquoi Constantine est-elle partie sans avertir Skeeter alors qu'elle avait, d'après sa dernière lettre, une grande nouvelle à lui annoncer ?

Après quelques semaines passées à se morfondre à Jackson, Skeeter reçoit enfin des nouvelles de Harper and Row. On lui demande d'écrire sur des sujets qui la touchent personnellement et d'envoyer des échantillons de ce travail à la maison d'édition.

La jeune fille décide alors d'écrire sur les bonnes noires de Jackson et sur la façon dont leurs patronnes blanches les traitent. Pour cela, elle a besoin de témoignages. Elle s'adresse alors à Aibileen, la bonne de son amie Elizabeth, et lui demande son aide.

 

Commentaire

J'ai savouré chaque page, chaque ligne de cette histoire.

Sans être amusant, ce récit n'est pas non plus déprimant et c'est là toute sa magie. Malgré un sujet difficile, une impression de légèreté, d'humour et d'espoir se fait sentir. Comme si la situation d'Aibileen, de Minny et de toutes les autres, bien que difficile, ne pouvait que s'améliorer...

J'ai beaucoup apprécié les personnages des bonnes. Elles font toutes preuve d'un courage extraordinaire et, malgré le danger de la collaboration avec Skeeter, osent finalement mettre des mots sur les outrages qu'elles subissent jour après jour. Parce que, dans le Jackson des années 60, les Noirs ne sont pas considéré comme les égaux des Blancs. La phrase " Ils ne sont pas comme nous ! " revient régulièrement, mise à toute les sauce, dans n'importe quel sujet de conversation ou presque.

Par contre, j'ai eu du mal à l'attacher à Skeeter elle-même, qui est pourtant le personnage central du roman et l'instigatrice des témoignages des bonnes. Au début du récit, il semble étrange que quelqu'un comme Skeeter soit amie avec deux pestes comme Hilly Holbrook et Elizabeth Leefolt : on sent que Skeeter n'est pas comme elle et pourtant, elle joue le jeu. Elle fait semblant de partager leurs valeurs. Le fait que Skeeter ait besoin d'entendre de la bouche de Minny et d'Aibileen la façon dont ses amies se comportent envers leurs bonnes m'a semblé légèrement surréaliste : après des années d'amitié avec ces deux jeunes femmes, Skeeter n'a-t-elle pas encore remarqué les remarques acides que celles-ci lançent sur les Noirs ? Skeeter est-elle aveugle pour ne pas remarquer la soumission dont Aibileen doit faire preuve jour après jour pour ne pas perdre sa place ?

C'est donc l'une des " Blanches " secondaires de l'histoire qui m'a semblé la plus sympathique. Miss Celia Foote, la nouvelle patronne de Minny après que cette dernière ait été renvoyée par Hilly. Celia a grandi dans la pauvreté et n'est donc pas consciente des différences entre elle et Minny ou, du moins, ne s'en soucie guère. Elle qualifie d'ailleurs plusieurs fois Minny " d'amie ", au grand désarroi de la bonne, qui ne veut pas frayer avec les Blancs. Celia n'a jamais fréquenté la bonne société, or ce sont les membres de celle-ci qui établissent les différences sociales entre Noirs et Blancs. La toute jeune Mrs Foote est donc plus gentille et plus généreuse avec Minny que les patronnes habituelles.

Plus d'une fois, au fil de l'histoire, de petits moments d'intimité se dessinent entre certaines bonnes et leurs patronnes. Alors, on croit, on espère que les choses pourront changer et que l'entreprise de Skeeter parviendra à faire changer les mentalités. Que les Blancs vont enfin se rendre compte que les Noirs sont des être humains à part entière. Qu'ils ont eux aussi des sentiments (pour une fois, je trouve le titre français bien plus adapté au récit que la version originale). Mais ces petits moments sont vite finis : la patronne se rend compte qu'elle s'adresse à sa bonne et remet celle-ci à la place qui est la sienne en lui donnant un ordre d'un ton froid.

Récit de femmes et de courage, La Couleur des sentiments est raconté alternativement par Skeeter, Aibileen et Minny. Trois voix, trois manières de s'exprimer et d'écrire. Trois passés et trois avenirs. Pourtant, le futur des héroïnes de Stockett n'est pas très clair. Il manque un épilogue grâce auquel on pourrait apprendre ce que chacune de ces femmes deviennent. Le roman nous laisse dans l'incertitude, peut-être volontairement, afin que chacun de nous imagine la fin qui lui convient le mieux. Ma fin à moi est heureuse. Aibileen, Minny et les autres le méritent.

 

Pour lire d'autres billets, cela se passe chez Perrine et Suzanne.

 

Quelques extraits :

Minny :

" Je suis revenue à la maison ce matin-là, après qu'on m'a renvoyée, et je suis restée dehors avec mes chaussures de travail toutes neuves. Les chaussures qui avaient coûté autant à ma mère qu'un mois d'électricité. C'est à ce moment, je crois, que j'ai compris ce qu'était la honte, et la couleur qu'elle avait. La honte n'est pas noire, comme la saleté, comme je l'avais toujours cru. La honte a la couleur de l'uniforme blanc tout neuf quand votre mère a passé une nuit à repasser pour gagner de quoi vous l'acheter et que vous le lui rapportez sans une tache, sans une trace de travail. "

 

" Du côté du comté de Madison, la chaleur fait officiellement de Miss Celia la personne la plus paresseuse des États-Unis d'Amérique. Elle va même plus chercher le courrier à la boite aux lettres, c'est moi qui dois le faire. Elle a même trop chaud pour se traîner jusqu'à la piscine. Et ça me pose un problème.
Vous voyez, je pense que si le bon Dieu avait voulu que des Blancs et des Noirs restent aussi longtemps ensemble et aussi près pendant la journée, il nous aurait fait incapables de voir la couleur. "

 

" Les femmes, c'est pas comme les hommes. Une femme vous battra pas à coups de batons. Miss Hilly prendra jamais un pistolet pour me tirer dessus. Miss Leefolt viendra pas mettre le feu à ma maison. Non, elles veulent se garder les mains propres, les Blanches. Alors, elles ont une trousse de petits outils brillants et coupants comme les ongles de sorcières, bien propres et bien rangés comme sur les tablettes de dentiste. Et quand elle s'en servent, elles prennent tout le temps. [...] la Blanche oublie jamais. Elle continuera tant que vous serez pas morte. "

 

Aibileen :

" J'ai envie de crier assez fort pour que Baby Girl m'entende, de crier que sale, c'est pas une couleur, que les maladies, c'est pas les Noirs. Je voudrais empêcher que le moment arrive - comme il arrive dans la vie de tout enfant blanc - où elle va se mettre à penser que les Noirs sont moins bien que les Blancs. "

 

" Moi je m'occupe des bébés des Blancs, voilà ce que je fais, et en plus, de tout le boulot de la cuisine et du ménage. J'en ai élevé dix-sept de ces petits, dans ma vie. Je sais comment les endormir, les calmer quand ils pleurent et les mettre sur le pot le matin, avant que les mamans aient seulement le temps de sortir du lit. "

 

" Et ça me ramène à ce que je veux me sortir de la tête, les histoires de Miss Leefolt qui veut construire des toilettes pour moi parce qu'elle pense que j'ai des maladies, et de Miss Skeeter qui me demande si je voudrais pas changer les choses. Comme si changer Jackson, Mississippi, c'était aussi simple que de changer une ampoule. "

 

Skeeter :

" Mes amies et moi avons toutes notre place de prédilection. Élisabeth, penchée sur sa machine à coudre, s'efforce de faire de sa vie un vêtement de confection sans coutures apparentes. Je tape à la machine des phrases bien senties que je n'aurais jamais le culot de prononcer à haute voix. Et Mes amies et moi avons toutes notre place de prédilection. Élisabeth, penchée sur sa machine à coudre, s'efforce de faire de sa vie un vêtement de confection sans coutures apparentes. Je tape à la machine des phrases bien senties que je n'aurais jamais le culot de prononcer à haute voix. Et Hilly, sur une estrade, explique à 65 femmes que 3 boîtes par personne ne suffiront pas à rassasier tous ces PEAA - traduisez pauvres enfants africains affamés. Mary Joline Walker, toutefois, trouve que trois, c'est beaucoup.
" Et ça ne coûte pas un peu cher, d'expédier ces conserves jusqu'en Éthiopie à l'autre bout du monde ? demande Mary Joline. Il ne serait pas plus raisonnable d'envoyer un chèque, tout simplement ? "
Hilly lève les yeux au ciel. " On ne peut pas donner d'argent à ces tributs, Mary Joline. La chaîne des Jitney14 n'a pas de magasin d'alimentation dans le désert ! et comment saurions-nous s'ils donnent à manger à leurs enfants avec ce qu'on leur enverrait ? Ils seraient capables de prendre notre argent pour s'offrir un tatouage satanique sous la tente du prêtre vaudou du coin ! "

 

" Recueil des lois Jim Crow pour le Sud.
Nul ne doit demander à une femme blanche d'exercer le métier d'infirmière dans un pavillon ou dans une salle où se trouvent les hommes noirs.
Il est illégal pour une personne de race blanche d'épouser une personne de race noire. Tout mariage contrevenant à cette loi sera déclaré nul.
Aucun coiffeur de race noire ne peut coiffer des filles ou des femmes de races blanches.
Le préposé aux inhumations ne doit pas enterrer de personnes de race noire dans un terrain servant à l'inhumation de personne de race blanche.
Les livres ne doivent pas être échangés entre écoles blanches et écoles noires mais continuer à servir à la race qui les as utilisé en premier.
(...)
Je dois lire deux fois l'article 47, tant il parait absurde :
La direction devra maintenir un bâtiment séparé sur un terrain séparé pour l'instruction de toutes personnes aveugles de race noire. "

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Commentaires
A
@Valeria<br /> <br /> C'est tout à fait cela : une véritable tempête de sentiments. On sourit, on rit, on se révolte... Si le film est aussi bien, je note que je dois le visionner bientôt. ;-)
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V
J'ai adoré cette histoire! J'ai vu et lu plusieurs fois le livre et le film. On passe par plein de sentiments. Mais c'est vrai qu'il manque un épilogue.
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A
@Hana Pouletta<br /> <br /> Je compatis ! :-D
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H
Ah oui c'est une idée aussi ! Je vais habituellement à celle de Jambes, mais ça fait un moment que je n'y ai plus mis les pieds, ma PAL est tellement grosse >< <br /> <br /> ^^
Répondre
A
@Hana Pouletta<br /> <br /> Ou à la bibliothèque ? Celle de Namur est pas mal (si elle n'a pas changé depuis que je n'y suis plus inscrite :lol:).
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