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Les Livres d'Aline
3 juin 2013

Hiver arctique, Arnaldur Indridason

couv7722844Hiver arctique, Arnaldur Indridason

Titre original : Vetrarborgin

Edition : Seuil

405 pages

 

Résumé

Erlendur, Elinborg et Sigurdur Oli sont appelés sur une scène de crime particulièrement difficile : un enfant de dix ans, d'origine thaïlandaise, est mort poignardé alors qu'il rentrait chez lui après sa journée d'école.

Les trois policiers commencent l'enquête avec beaucoup de questions, mais les réponses sont difficiles voire impossibles à obtenir. S'agit-il d'un crime raciste ? Où est passé le frère aîné du petit garçon assassiné ? Pourquoi les condisciples du petit garçon affirment-ils de façon unanime que le professeur d'islandais de leur école déteste les étrangers ?

Alors que l'Islande s'enfonce dans un hiver particulièrement rude, la police se retrouve bien souvent à court d'indices pour trouver l'assassin d'Elias.

 

Commentaire

Le sujet de ce roman m'a particulièrement marquée puisque, alors que je l'ouvrais à peine et découvrais le destin tragique du petit Elias, j'ai appris le décès du neveu de mon beau-frère, âgé de huit ans. J'ai donc eu l'occasion de découvrir "en direct" la douleur que provoque la perte d'un enfant aussi jeune et les réactions des différents protagonistes de ce roman m'ont semblé particulièrement réelles.

Comme dans L'Echo des morts (lu précédemment dans le cadre du challenge Thrillers et Policiers scandinaves d'Emmanuelle), le froid s'intensifie peu à peu au cours du roman et le climat semble devenir un personnage à part entière. Et, alors que la tempête se rapproche de l'Islande, elle fait déjà rage dans la vie des trois enquêteurs. La mort du petit Elias les amènent à se souvenir de leur propre enfance et à s'interroger sur les rapports qu'ils entretiennent avec leurs propres enfants.

Erlendur a connu un drame presque similaire à celui auquel il est confronté. Alors qu'il n'avait que dix ans, le même âge qu'Elias, le jeune Erlendur était parti se promener dans la lande des fjords de l'Est avec son jeune frère. La tempête les a surpris et les deux frères ont été séparés. Le corps du cadet n'a jamais été retrouvé.

Ce drame hante Erlendur, qui se complaît dans la douleur que le souvenir de cette disparition provoque encore aujourd'hui. Il refuse de faire son deuil et, alors qu'il enquête sur la mort d'Elias, le décès de son frère refait plus que jamais surface.

Parallèlement, Erlendur revoit ses enfants après des années de relations houleuses. On sent une certaine distance entre le père et ses enfants, une gêne provoquée par une vie de non-dits, de mensonges par omission, mais aussi de pudeur. Et même si les relations entre le père et le fils semblent plus cordiales que celles qu'Elrendur entretient avec sa fille, Eva Lind, leurs rapports ne sont pas exactement détendus. Erlendur n'a pas envie de se confier à ses enfants, comme le souhaiterait Eva Lind. Il garde sa douleur et ses difficultés personnelles pour lui. Il traite ses enfants de la même manière que ses collègues de travail et ne leur donne à voir que le peu qu'il souhaite révéler de sa véritable personnalité.

Sigurdur Oli, lui aussi, est encombré, au cours de cette enquête, par des souvenirs plutôt indésirables de sa propre enfance. Scolarisé dans le même établissement que fréquentent Elias et son frère, Sigurdur Oli se retrouve confronté à certains de ses anciens professeurs. Et les retrouvailles ne sont pas spécialement amusantes pour le policier puisque le corps professoral se souvient parfaitement de sa participation à une bagarre générale... D'autres souvenirs, provoqués par celui-ci, affluent : ceux de son père, d'une enfance pas particulièrement douce...

Contrairement à Erlendur, Sigurdur Oli n'est pas père de famille, ce qui simplifie quelque peu son implication dans l'enquête sur la mort d'Elias. Quoique... L'épouse de Sigurdur Oli, stérile, lui met la pression pour qu'ils adoptent un enfant asiatique. Elle souhaite être mère, mais son mari n'est pas sûr de désirer devenir père. Et puis, adopter un enfant asiatique... Avec ce qui est arrivé au petit Elias, dont la mère est thaïlandaise, est-ce une bonne idée ? La vie de Sigurdur Oli n'est pas plus simple que celle d'Erlendur et aucun des deux n'aiment évoquer à voix haute les difficultés qui les assaillent.

A côté de ces deux-là, Elinborg semble mener une vie idéale. Mais elle aussi se retrouve inquiétée par son rôle de mère : sa fille est malade et l'enquête à laquelle elle participe l'empêche de rester à son chevet...

Hiver arctique était ma première incursion dans la série des enquêtes d'Erlendur et cette découverte était plutôt réussie. Très bien écrit, le polar nous dépayse complètement en nous emmenant dans un pays où les habitants vivent particulièrement repliés sur eux-mêmes, notamment à cause du climat très rude. L'histoire commence doucement et plusieurs intrigues s'entrecroisent ; malgré cela, on ne perd jamais le fil du récit. Une bonne découverte.

 

Quelques extaits :

" On parvenait à deviner son âge, mais il était plus difficile de se prononcer avec précision sur l'endroit du monde dont il était originaire.

Ils lui donnaient environ dix ans. Vêtu d'une doudoune déboutonnée grise à capuche et d'un pantalon couleur camouflage, une sorte de treillis militaire, l'enfant avait encore son cartable sur le dos. Il avait perdu l'une de ses bottes. Les policiers remarquèrent à l'extrémité de sa chaussette un trou duquel dépassait un orteil. Le petit garçon ne portait ni moufles ni bonnet. Le froid avait déjà collé ses cheveux noirs au verglas. Il était allongé sur le ventre, une joue tournée vers les policiers qui regardaient ses yeux éteints fixer la surface glacée de la terre. Le sang qui avait coulé sous son corps avait déjà commencé à geler. "

 

" Elias n'avait pas eu droit à la moindre pitié au moment où il était tombé à terre, blessé, dans la rue. Personne ne s'était trouvé là pour lui venir en aide alors qu'il tentait , à bout de forces, de rentrer chez lui. Personne n'était venu le réchauffer au moment où ses cheveux avaient gelé et s'étaient collés à la chape de glace au pied de l'immeuble. "

 

" La vie était un enchevêtrement de hasards dénués de toutes règles, des hasards qui gouvernaient l'existence des gens, comme ces tempêtes qui s'abattaient sans prévenir, faisant morts et blessés. "

 

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Challenge Thrillers et Policiers scandinaves

 

Ma prochaine lecture dans le cadre du challenge :

couv57473927La Voix du même auteur, toujours aux Editions Seuil.

Présentation de l'éditeur :

Tuer un père Noël, il n´y a qu'un Islandais pour oser imaginer ça ! Le commissaire Erlendur, qui déteste les fêtes de fin d´année, doit enquêter sur un père Noël assassiné dans un hôtel de luxe juste avant un goûter d'enfants. Sale boulot pour le commissaire, dont la fille essaye de ne pas replonger dans la drogue. La victime était portier et occupait une petite chambre dans les sous-sols depuis vingt ans. Son licenciement lui avait été signifié la veille. Le commissaire prend ses quartiers d'hiver pour une enquête qui va faire remonter à la surface de vieux démons.

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Commentaires
F
J'ai tenté à plusieurs reprises les polars scandinaves (Menkell, Staalesen) mais ce sont des lectures que je trouve décidément trop dures pour moi.<br /> <br /> Quant à la perte dont tu parles, je compatis de tout coeur... Autour de moi aussi, récemment, une amie a perdu une petite fille de sa famille proche et ce sont de lourds moments... Courage...
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-
Ce livre a dû prendre une tournure presque trop...poignante pour toi, c'est tragique ! Surtout que les polars nordiques sont souvent si froids, si glaçants...mais si fascinants !! De cet auteur, j'ai lu La Dame en Vert...ça m'a marqué...
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S
je suis désolée par cette douleur qui frappe ta famille, aline - je sais trop bien la tristesse de perdre un être cher<br /> <br /> pour l'instant, je me distance des polars nordiques - trop glauques, trop borderline - j'ai besoin de "respirer à l'anglaise" ;)
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M
Oups! il a l'air captivant ce livre malgré (le polar et moi :)) L'auteur semble donner une grande place au côté humain, émotif... je trouve ça intéressant.. :)
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