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Les Livres d'Aline
7 août 2016

Nineteen Minutes, Jodi Picoult

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Nineteen Minutes, Jodi Picoult

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Edition : Pocket Books

Nombre de pages : 656

 

 

 

 

Résumé

(Présentation de l'éditeur, traduction personnelle)

" Sterling est une petite ville ordinaire du New Hampshire. Il ne s'y passe jamais rien, jusqu'au jour où un lycéen se rend à l'école avec un véritable arsenal dans son sac à dos et commence à tirer. Cet événement ne change pas seulement la vie des lycéens, mais celle de toute la ville.
La fille du juge chargée de siéger lors du procès du jeune homme est sans doute le meilleur témoin, mais elle est amnésique depuis la fusillade. Elle dit ne rien se rappeler de ce jour-là. Mais est-ce vrai ? "

 

Commentaire

Ce livre est terriblement poignant ! Surfant sur le sujet des adolescents harcelés par leurs condisciples, Jodi Picoult écrit un roman très réaliste et particulièrement déstabilisant.

Grâce aux flash-backs utilisés par l'auteure, on apprend à mieux connaître Peter Houghton, le jeune homme responsable de la fusillade du lycée de Sterling. Et, franchement, on finit par totalement comprendre son geste. Et je ne spoile rien en vous l'affirmant, car à la minute où on fait la connaissance de Peter, on comprend que sa motivation est sûrement liée à l'attitude des autres lycéens à son égard.

Depuis son entrée en maternelle, Peter a servi de souffre-douleur aux autres enfants de Sterling. En plus, comme c'est une petite ville, les familles se connaissent toutes et les enfants sont scolarisés dans les mêmes écoles depuis la maternelle jusqu'au lycée. Peter n'avait donc aucune chance d'échapper à ses bourreaux, qu'il a côtoyé pendant 12 ans au moment où il décide de les tuer.

Ce qui m'a le plus déstabilisée, c'est que je n'ai ressenti aucune pitié pour certaine des victimes de Peter. Je me suis attachée à ce dernier et le verdict du procès m'a tracassée jusqu'à la dernière page. Mais en ce qui concerne certaines des victimes de Peter (ceux qui se sont moqués de lui, en fait), je me suis juste dit "c'est bien fait". Comment plaindre un gars qui ne peut plus avoir de bourse sportive pour aller à l'université parce que son épaule a été endommagée par une balle alors qu'il a passé sa scolarité à terroriser Peter et d'autres élèves non populaires ? 

Je n'ai moi-même jamais été victime de harcèlement à l'école (heureusement) mais, depuis cette lecture, je comprends combien ceux qui le sont ou l'ont été peuvent en souffrir. Le clivage entre étudiants populaires et non populaires est tout à fait intenable à Sterling High : les populaires vont jusqu'à se rendre coupables d'actes totalement répréhensibles sur la personne des autres (Peter et d'autres garçons ayant été plusieurs fois enfermés dans leur casier).

Que dire des autres personnages ?

Et bien, moi qui suis une grande fan des magistrats et avocats dans les romans, pour une fois, j'ai détesté Alex Cormier, la juge (et mère de Josie, l'une des condisciples de Peter) qui devait normalement juger Peter. Elle m'a semblé réellement stupide. Quant à sa fille amnésique, je l'ai trouvée antipathique avant même que la fusillade éclate. Josie est nunuche et fait partie du petit groupe qui a fait de la vie de Peter un enfer : deux bonnes raisons pour qu'elle m'énerve !

J'espère que ce roman existe en français et que certains d'entre vous pourront le découvrir. Il vaut vraiment la peine d'être lu, mais préparez-vous à finir révoltés par certains passages : les injustices sont nombreuses au fil des 600 et quelques pages de ce roman.

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Commentaires
K
Très belle chronique ! Le sujet du harcèlement scolaire m'intéresse beaucoup, je note donc ce titre.
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S
j'ai lu ce roman il y a quelque temps déjà, mais je suis toujours restée "sous le choc" de cette histoire qui bouleverse toute une ville - comme m'avait aussi "choquée" le film "bowling from columbine" - <br /> <br /> je trouve ton commentaire très beau, sur le fait qu'il ne faut pas juger celui a souffert - mais cela excuse-t-il tous les gestes ?
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A
@Marion<br /> <br /> Tu as choisi un très bon exemple, car la relation entre Marie Trintignant et ce musicien relèvent justement du même schéma, selon moi.<br /> <br /> Il y a toujours un moment où une personne qui souffre du fait des autres va "craquer" et se rebeller. On va alors juger cette personne sur son comportement à ce moment-là, sans s'attarder sur ce qui l'a menée jusque-là. <br /> <br /> J'avais entendu parler des rumeurs sur Trintignant qui a poussé son compagnon à bout en tentant de séduire tous les hommes qu'elle croisait. Sans doute manquait-elle de confiance en elle ? Elle avait peut-être besoin de se sentir séduisante aux yeux des hommes ? Mais il y a des jaloux qui supporte mal un tel comportement...<br /> <br /> <br /> <br /> C'est un peu ce qu'il s'est passé aussi dans l'affaire Alexandra Lange, cette femme battue qui a enduré les coups de son mari pendant 14 ans de mariage avant de le tuer d'un coup de couteau. Certaines personnes n'ont pas compris pourquoi elle a attendu 14 ans avant de passer à l'acte : d'après eux, elle aurait dû riposter tout de suite. Mais comment peut-on savoir ce qui s'est passé dans sa tête ? Peut-être qu'elle espérait que son mari allait changer et leur relation s'améliorer ? Peut-être qu' elle a empoigné le premier objet qui se trouvait à sa portée pour se défendre et qui s'avérait être un couteau ?<br /> <br /> <br /> <br /> Ce sont des cas un peu limites, qu'on ne comprendra jamais vraiment. Mais d'après moi il faut aussi se garder de partir avec un a priori négatif sur l'agresseur qui a lui-même souffert.
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M
Oh, voici un livre qui semble bien intéressant ! Je crois que je comprends tout à fait ce que tu veux dire. Les gens jugent trop souvent le « résultat » sans se poser la question du « comment on en est arrivé là ? »<br /> <br /> <br /> <br /> Je me souviens de cette histoire avec le musicien de Noir Désir qui a tué Marie Trintignant. Certes, cela ne devrait jamais arriver, mais... nous n'étions pas dans cette chambre d'hôtel, nous ne savons pas ce qui est arrivé et la manière dont elle l'a peut-être poussé à bout. Je dis cela car j'ai un ami machiniste qui avait tourné à plusieurs reprises avec elle et c'était (sans faire de mauvais jeu de mots) une « Marie-couche-toi-là » ! Elle draguait tous les hommes sur le plateau et n'avait aucune gêne à coucher avec certains d'entre eux. Mais ça, il aurait très mal venu de le dire au moment de sa mort bien sûr. Le frère du musicien a pourtant tenté de le faire et de « rendre justice » à son frère, mais c'était peine perdue, il s'est fait humilier sur les plateaux de télé où il a été. <br /> <br /> <br /> <br /> En tant que société (que groupe), nous avons un réel pouvoir, mais nous ne l'employons pas toujours comme il faut et parfois même nous n'en avons pas réellement conscience. Ou bien, c'est le confort apporté par le conformisme (et l'anonymat) qui rend aveugle. <br /> <br /> <br /> <br /> Bref, ce n'est pas évident de se positionner « de l'autre côté » du politiquement correct. Cette auteure semble pourtant le faire; bravo à elle et merci à toi pour cette belle découverte ! :)
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